Quand nous rencontrons des femmes, c'est souvent dans un contexte difficile, par exemple à la suite d'un décès, d'une séparation, d'un divorce. Or, les femmes ont une espérance de vie supérieure de six ans à celle des hommes. Et les écarts salariaux entre hommes et femmes se maintiennent à des niveaux élevés, entre 18% et 26%. Cela doit faire penser à l'avenir et à se demander de quoi on va vivre, notamment si l'on a encore des enfants à charge.
Qu'est-ce qui déclenche la prise de conscience ?
L'entrée dans la quarantaine est un moment où les réalités deviennent plus tangibles, c'est l'âge où le couple peut connaître un peu d'usure, où les enfants grandissent et ne vont pas tarder à quitter la maison, où les parents prennent leur retraite ou connaissent la maladie...
En quoi les attitudes des hommes et des femmes se distinguent par rapport aux questions patrimoniales ?
Les études de l'OCDE montrent une vraie disparité de culture financière entre les hommes et les femmes. D'une manière générale, les hommes sont plus attirés par l'investissement, ils ont envie d'investir dans le fonds à la mode. Ils sont prêts à prendre plus de risques, même s'ils sont soucieux de l'équilibre entre leurs différents placements. Ils oublient facilement la prévoyance de la famille. Certains d'entre eux aiment beaucoup la bourse, alors que les femmes n'y ont pas été sensibilisées, ou alors seulement en passant par une gestion déléguée. Dans l'ensemble, elles se montrent trop prudentes et leurs placements sont donc bien trop peu rémunérés. Même lorsqu'elles ont la main sur le portefeuille du foyer pour les dépenses courantes, elels sont rarement décideuses en matière de patrimoine. Il faudrait au minimum qu'elles s'occupent du leur.
A partir de quel moment les femmes doivent-elles s'occuper de leur patrimoine ?
Pour les femmes qui se marient, la priorité est d'être vigilantes sur le régime matrimonial, afin de limiter les effets financiers d'un décès ou d'une séparation. Or, 75% des Français ignorent ces enjeux, même à niveau de diplôme élevé. C'est pourtant un point crucial qui permet d'aborder les questions financières au sein du couple, ainsi que les problématiques de prévoyance, de gestion des plans de carrières dans le couple...
Quels autres conseils donner ?
D'abord, faire un audit de sa capacité à épargner, éventuellement à l'aide d'applis spécialisées. Cela suppose de commencer par passer quelques heures fastidieuses, mais c'est important car beaucoup de personnes ne connaissent pas leur train de vie. Ensuite, il faut définir ses besoins, ses envies, ses préoccupations. Certaines personnes n'ont pas envie d'épargner, mais de profiter de la vie, et cela ne se discute pas. D'autres ont envie d'une résidence secondaire pour profiter de moments en famille, ou s'inquiètent de l'avenir de leurs parents. Il faut alors prévoir une stratégie patrimoniale à court, moyen ou long terme. Hommes ou femmes, les choix sont les mêmes. Ce sont les priorités qui diffèrent.
Nous ne sommes plus à l'époque où nos grands-mères devaient obtenir l'autorisation de leur mari pour travailler et avoir un compte en banque ; néanmoins, les femmes se reposent encore beaucoup trop sur leur conjoint ou sur leur banquier pour la gestion de leurs finances personnelles. Elles doutent trop d'elles-mêmes et elles ont tort car, bien accompagnées par un professionnel, elles sont d'excellentes gestionnaires.