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vieillissement

Prenez soin de vos parents âgés

Par Le 03/10/2019

L’isolement des aînés est souvent constaté. La dispersion géographique des familles, est de plus en plus fréquente. Leurs enfants sont partis pour de multiples raisons, familiales et professionnelles. Les parents en fin de vie se retrouvent seuls.

La solidarité familiale se délite progressivement, des enfants trop éloignés n’apportent plus, du fait de leur absence, l’assistance aux parents.

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Dans notre activité, nous en avons quelques-uns de ces vieux clients, oubliés des leurs.

Lorsque j'étais jeune notaire assistant à Paris 7ème, il y a une trentaine d'années, l'un des premiers cas que j'avais eu à connaître était celui d'une vieille dame très riche, totalement négligée par ses neveux et nièces, ses seuls parents, et qui avait décidé de gratifier le garçon de café qui la saluait tous les matins d'un sourire et d'un "alors, Madame M., comment ça va aujourd'hui ?" lorsqu'elle prenait son thé à la brasserie pour éviter de se retrouver seule chez elle. Elle a fait recevoir dans l'étude où je travaillais alors un testament authentique (devant notaire et témoins) pour lui léguer l'intégralité de sa fortune.

Pendant mes 25 ans de carrière notariale, j'ai eu souvent à en connaître des personnes âgées, on dit aujourd'hui des "seniors", totalement délaissées, tellement contentes de discuter avec quelqu'un, que prévue pour un rendez-vous d'une heure, je pouvais en passer 3 ou 4 à les écouter ! C'est très vrai à Paris, plus particulièrement, où j'ai exercé longtemps.

Cela continue depuis que je suis devenue conseil en stratégie patrimoniale : je sors, cet après-midi, d'un rendez-vous avec un client de 82 ans que j'accompagne depuis son veuvage, il y a trois ans. Sa fille unique le laisse se débrouiller tout seul : vente de la maison familiale devenue trop grande, déménagement en résidence senior... elle n'a pas levé le petit doigt pour l'aider mais a su réclamer la part héritée de sa mère sur le prix de vente de la maison...  Les petits-enfants dont sa femme et lui se sont tellement occupés lorsqu'ils étaient petits sont maintenant adultes et "aux abonnés absents". Il est arrière-grand-père et ne voit que très rarement le bambin. Il n'est quasiment jamais invité le dimanche. Personne ne se préoccupe de savoir si tout va bien. C'est toujours lui qui appelle pour prendre des nouvelles.

Après m'être occupée du placement de sa part du prix de vente, je devais préparer la transmission. Je le sentais venir depuis plusieurs mois par les questions qu'il me posait et aujourd'hui il me l'a dit : "Je ne vois pas pourquoi je leur laisserai quelque chose de plus que ce à quoi ils ont droit. Ma fille aura sa part réservataire, mes petits-enfants n'auront rien, je ferai un petit legs à mon arrière-petit-fils que je verrai pas suffisament pour qu'il puisse me décevoir et pour le reste, je vais faire un legs à la ligue de protection des oiseaux. J'aime les oiseaux, je les nourris tous les jours sur mon balcon."

Que dire ? Cela fait des années que je suis confrontée à ces cas mais ils me laissent toujours un grand sentiment d'incompréhension et d'amertume.

Sans vouloir faire de leçon de morale à quiconque, réfléchissez bien à ce que vous devez à vos parents. Même si'ils n'ont pas été parfaits, ils ont sans doute fait du mieux qu'ils pouvaient pour vous élever et vous protéger.

Lorsqu'ils sont âgés et fragilisés, il est temps pour vous d'inverser les rôles.

Et si la piété filiale ne vous anime pas, méditez ceci :

La nature a horreur du vide. Il arrive que cette absence soit compensée par l’attention de ceux qui vivent dans la proximité des seniors. Visites, petits services, courses, repas du week-end, surveillance médicale, et tant d’autres grandes et petites choses sont appréciés de celui ou de celle qui en profite au quotidien

Les voisins, le personnel de maison, parfois un neveu ou nièce resté(e) au pays, prennent progressivement en charge l’accompagnement à domicile indispensable à une résidence « chez soi ».

Autant d’attentions qui réchauffent. Le bénéficiaire apprécie, il remercie. Conscient de l’aide apportée, il récompense, petitement d’abord, de petites choses, de petits riens.

Une complicité affective se crée, elle s’affiche, elle s’exprime, « c’est presque ma fille, presque mon fils », même un peu plus dans la mesure où « eux » ils sont là et que les autres sont loin.

Plus ou moins malicieusement, plus ou moins habilement les présents savent souligner les absences des enfants :  « toujours pas de nouvelles de vos enfants, ils ont (encore) oublié votre anniversaire…, pour Noël ils n’ont pas pu venir, déjà l’an dernier… », autant de petites remarques qui attristent, attisent quelques ressentiments, renforcent ce sentiment de délaissement et justifient une réaction punitive à l’égard des oublieux : « Ils m’oublient, je vais les oublier ».

On devient juge de ses héritiers, de leur négligence, de leur ingratitude.

Alors pourquoi ne pas gratifier « les présents » ? Plaisir de gratifier, renforcé par l’utilité du bien à recevoir exprimée par le futur gratifié. Il souligne la qualité des biens détenus. Il porte de l’intérêt à la fois aux biens possédés et à ceux qui les possèdent  « votre jardin, j’aurai plaisir à l’entretenir, et vos rosiers qui va s’en occuper… ? ».

Aller plus loin dans la récompense ? Au delà des petites donations manuelles, pour récompenser davantage, consentir des libéralités … legs, assurance vie. Les sommes en jeu deviennent plus conséquentes, les biens légués sont ajustés aux besoins des présents, plus ou moins clairement exprimés.

Rédiger un testament, modifier les bénéficiaires d’une assurance est tellement simple...

Ne soyez pas surpris, si vos parents trouvent assistance et humanité auprès d'un voisin, d'un facteur, de leur femme de ménage ... et veuillent les gratifier !